En side-car avec Sylvain Tesson

Une interview d’accord… mais en voiture pas question ! Sylvain Tesson n’a aucun goût pour les déplacements à quatre roues. « L’automobile est une répétition générale de la mort. Je ne sais pas pourquoi les automobilistes supportent l’incarcération dans un linceul de tôle » estime-t-il. En revanche, l’idée d’une conversation en side-car l’enthousiasme. Banco. 

Rendez-vous est donc pris un vendredi de juillet, chez Burdet père et fils, créateurs de side-car en Essonne, et nous voilà partis à travers la forêt de Sénart à bord d’une motocyclette à panier adjacent, composée d’un nacelle Précision de 1935 et d’une moto indienne Royal Enfield. Et la conversation s’engage aussitôt. « Pour moi, le side-car est un instrument de la liberté et de la poésie. C’est le jouet de l’enfant qui a été mis dans les mains de l’adulte. Tous les pilotes de side-car ont l’impression d’avoir sorti leur motocyclette d’un coffre à jouets. »

Voyager en side-car, Sylvain Tesson en a l’habitude depuis de très nombreuses années. « La première fois que j’ai conduit un side-car c’était en Russie après la chute de l’empire soviétique. Il était de la marque Oural et j’ai trouvé que c’étaient des motocyclettes qui invitaient au voyage parce que rien n’arrête une Oural, pas même ses freins ! Et puis c’est une allégorie de l’amitié. On met son ami dans le panier et puis on se dit que si jamais le châssis qui relie le panier à la moto se brise, chacun vivra sa route et son itinéraire. » 

L’un de ces voyages a donné lieu à un livre « Bérézina, en side-car avec Napoléon » sorti en 2015 aux Editions Guérin. Sylvain Tesson a par ailleurs parcouru avec ce type d’engins les routes, parfois même gelées, de nombreux pays, de la Mongolie au Vietnam en passant par l’Ukraine ou le Cambodge. Il s’agit définitivement de son moyen de locomotion préféré. « En side-car, on apprend l’art ultime du voyage qui est celui de la flânerie et on n’est pas obsédé par le défilement le plus rapide possible des lignes blanches sur le bas-côté. On a le temps de s’imprégner des paysages et de rencontrer les habitants. »

Autre avantage du side-car, il est très compatible avec la lecture selon notre pilote. « Le side-car a ceci de très littéraire que l’on peut emporter des livres et la banquette du panier devient un salon de lecture. On peur méditer, dire de la poésie ou lire des romans. » 

La lecture est d’ailleurs le sujet qui nous réunit ce jour-là puisque Sylvain Tesson part inaugurer l’opération « Lire c’est voyage, voyager c’est lire » pour laquelle il a sélectionné une quinzaine de livres offerts tout l’été sur des aires du réseau VINCI Autoroutes. « Penser que la lecture peut réduire les risques d’accidents autoroutiers est une idée qui devrait intéresser les écrivains. Parce que – sans faire de généralité – la lecture qui est la plus active des inactivités est pleine de douceur. Et elle s’oppose à la violence de la conduite (…) Lire, quand on fait des pauses pendant un voyage, peut apaiser les soupapes intérieures. »