Vivons-nous une révolution électrique ?

Le secteur du transport est aujourd’hui responsable d’un tiers des émissions des gaz à effet de serre. Or la France s’est fixée pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour y parvenir, pas d’autre alternative que de décarboner les transports et en particulier ceux liés à la route. La commission européenne a d’ores et déjà tranché en proposant la fin de la vente de tous les véhicules thermiques en 2035. Et pour certains pays ce sera beaucoup plus tôt. En Norvège par exemple cet objectif sera atteint dans les prochains mois.
Petit à petit donc, notre parc automobile devrait se convertir à l’électrique. Pour Marie Cheron, responsable mobilité à la Fondation pour la Nature et l’homme, il n’y a pas d’autre alternative. « Le véhicule électrique a une emprunte carbone deux à trois fois moindre a minima par rapport à un véhicule thermique (…) Ca veut dire qu’on n’arrivera pas à tenir nos objectifs climatiques si on ne fait pas ce changement technologique. Parce qu’on ne peut pas se séparer de la voiture dès maintenant on a encore une très forte dépendance par rapport à elle (…) On a une urgence climatique qui ne nous permet pas d’hésiter. »

On estime que 15 millions de véhicules électriques seront en circulation en France en 2035. Comment se passera alors leur recharge ? Dans la vie quotidienne, ça ne devrait pas poser de problème particulier. 90% des charges se feront au domicile des automobilistes ou sur leur lieu de travail. En revanche, dans ce contexte, la route des vacances devient un véritable défi. Et pour le réussir, il faut anticiper cette révolution électrique dès aujourd’hui. C’est ce à quoi travaille Louis Du Pasquier, chargé de la décarbonation des usagers à VINCI Autoroutes.
« On sait que l’on fait son plein de carburant très vite sur autoroute. Pour une voiture électrique c’est beaucoup plus long, de 15 à 30 minutes. Donc ça veut dire que scFhématiquement quand on voit le nombre de pompes à essence aujourd’hui, il va falloir six fois plus de bornes de recharge (…). Et dans nos scénarios, quand on prend la plus grosse aire de service, celle qui aura besoin de plus de bornes de recharge et qu’on regarde l’alimentation électrique dont elle aura besoin, c’est l’équivalent de l’alimentation de l’aéroport d’Orly ». Dans ce travail colossal, VINCI Autoroutes et ENEDIS travaillent de concert pour que les futurs grands départs en vacances se passent sans souci.

Le paysage routier est donc en train de se préparer à la grande mutation électrique. Par ailleurs, le succès des vélos électriques n’est lui plus à démontrer. Mais quid des poids-lourds. Vont-ils eux aussi vivre cette grande révolution technologique déjà amorcée ? Plusieurs scénarios sont étudiés. L’un d’eux pourrait faire basculer l’ensemble des usagers de la route vers une nouvelle ère, celle de la route électrique.
« C’est assez futuriste mais c’est quelque chose que l’on étudie de très près. Le principe c’est de ne pas s’arrêter une heure pour se recharger, mais plutôt de se recharger en roulant (…) grâce notamment à l’induction. C’est sans contact, exactement comme quand on pose son téléphone portable sur une base à induction pour le recharger (…). C’est une petite révolution et nous y croyons beaucoup. Il y a des expérimentations notamment en Suède. Et ce qui est très intéressant, c’est que ça permet de gagner de l’autonomie en roulant et ça réduirait le besoin de bornes ». Avec la révolution électrique qui s’amorce, l’autoroute est donc appelée à changer complètement de visage.