Quel sera l'héritage des JO en matière de transports ?

A-t-on déjà vu une telle augmentation de l’offre de transports en Île-de-France sur un temps si court ? Au printemps dernier, à quelques semaines d’intervalle, le RER E a été prolongé à l’ouest de Paris. La ligne 14 du métro a également été étendue au nord et au sud, jusqu’à atteindre l’aéroport de Paris Orly et la ligne 11 a vu son terminus se décaler vers l’est. Et ce n’est qu’un début. C’est ce qu’assure la Région Île-de-France qui ne cesse de parler dans sa communication de révolution, liée à l’organisation des JO. « Ce n’est pas un hasard si tout a été livré entre les mois de mai et de juin, explique Kamel Ould Said, responsables des transports à la Région. Sans les jeux Olympiques, on aurait eu des dérapages dans les calendriers de chantier. »

Et cette inflation de l’offre de transports n’est pas terminée puisque d’ici 2032, les lignes 15, 16, 17 et 18 composant le Grand Paris Express seront livrées. « Je crois que c’est assez inédit ce qui se passe. Il y a plus de 8 milliards d’euros qui vont être investis entre 2023 et 2027 pour moderniser les transports et apporter de nouveaux projets de tramways, de bus à haute qualité de service et améliorer les RER B et D. Par ailleurs d’ici 2030, 10 milliards d’euros d’investissement sont prévus pour acheter de nouvelles rames de RER, Transilien et métro. »

Les investissements sont importants et devraient donc permettre à terme d’améliorer grandement la mobilité des Franciliens. Gilles Dansart, journaliste et directeur de « Mobilettre », une newsletter consacrée aux questions de transport et de mobilité, en est persuadé. « A la fin des années 2020, quand l’ensemble des infrastructures auront été mises en service, on se déplacera mieux et on vivra mieux en Île-de-France » prédit-il. Merci les JO ? Ils ont peut-être permis de mettre sous tension les équipes pour tenir les calendriers et obligé les politiques à se mettre d’accord mais le tournant décisif est antérieur. 

« La révolution des transports existe probablement depuis 20 ans en Île-de-de France. La Région avait pris un retard considérable (…) et l’inversion de la tendance date du milieu des années 2000. On a enfin pris en considération la vétusté des infrastructures et le niveau insuffisant de l’offre de transports. » Le projet du Grand Paris est le véritable tournant et le chantier des transports que connait l’Île-de-France aujourd’hui est l’un des plus importants au monde.

Pour autant, il ne s’agit pas de se reposer sur ses lauriers. D’ailleurs, certains chantiers actuels n’étaient peut-être pas indispensables. C’est la conviction de la Bernard Gobitz, vice-président de l’Association des usagers des transports et administrateur de France Mobilité. « On peut regretter que certaines lignes du Grand Paris Express qui n’étaient pas indispensables ont été considérées comme prioritaires alors que d’autres prolongements de métro auraient pu être plus intéressants. Celle que l’on critique depuis le début c’est la 17 que l’on ne trouve pas indispensable et la Cour des comptes a fait un rapport sur le sujet que nous approuvons. » 

Pour Bernard Gobitz, les usagers n’ont pas été suffisamment entendus. Et ils ne le sont toujours pas, selon lui, dans un autre dossier épineux : celui des voies covoiturage sur le boulevard périphérique et certaines autoroutes franciliennes. La mairie de Paris, la Région Île-de-France et l’Etat s’opposent sur cette question. Le futur de la mobilité routière dans la métropole parisienne n’est pas encore clairement défini. Celui des transports en commun si. D’ici les dix prochaines années, 200 kilomètres de tracé supplémentaire de métro seront mis en service et desserviront 68 nouvelles gares.