Mikhaïl Popkov, le loup garou d'Angarsk

Angarsk. Une ville industrielle perdue au fin fond de la Sibérie, à 5000 kilomètres de Moscou. Le paysage, qui n’est que plaines et forêts, est un terrain de jeu idéal pour un tueur en série. Sur une quarantaine de kilomètres de l’autoroute M53, dans les années 90, des femmes y disparaissent mystérieusement. Mikhaïl Popkov, policier de la ville, y rôde en pleine nuit. C’est lui qui propose à ses proies, des personnes seules dans le blizzard, de les ramener en voiture… et bien sûr, elles acceptent. Après tout, comment soupçonner un homme dépositaire de l’autorité ?

Un mode opératoire bien rodé 

Parce qu’il ne travaille pas avec ses collègues ce soir-là, la grande majorité des meurtres que commet Mikhaïl Popkov se passent dans la nuit du mardi au mercredi, lui valant le nom du « tueur du mercredi ». Ses victimes se ressemblent toutes : de petite taille, rondes, toutes des femmes, « il les cherche à la sortie des boîtes de nuit, des restaurants, des magasins… », décrit Viviane Janouin Benanti, autrice de Misha Smile : Mikhail Popkov, tueur en série (2023). Commence alors la descente aux enfers. Pour les endormir, il leur fait boire de l’alcool fort. Une fois assoupies, il les conduit sur l’autoroute M53, tristement surnommée « la route de la mort ». Une fois en forêt, « il fait descendre la future victime, il l’oblige à se déshabiller et à ce moment-là il la massacre », raconte l’écrivaine. S’ensuit alors le viol de la morte.

Pour être sûr de ne laisser aucune trace, il utilise des armes blanches, récupérées lors de perquisitions. « Il s’acharne littéralement, il massacre les visages des femmes […]. Il est d’une violence hallucinante qui montre une rage, une haine de la femme » raconte Viviane Janouin Benanti. 

 

Retournement de situation 

En 1998, Mikhaïl Popkov commet une erreur avec la jeune Svetlana, 18 ans. Elle a le malheur de louper le dernier tramway. Le tueur a sa prochaine victime. Quelques kilomètres de route en silence passent, puis, soudain, une avalanche de violence : Svetalana est frappée au visage, trainée dans un bosquet à l’écart de la route. Elle hurle de toutes ses forces. Grâce à ce geste salvateur, des témoins arrivent. Son agresseur prend la fuite. Alors que la jeune femme se croit tirée d’affaire, il revient pour finir le travail. Il lui frappe violemment la tête contre un arbre. Il la croit morte et l’abandonne sur place. Mais Svetlana survit. Elle se réveille le lendemain en petite culotte, à la morgue. Malgré le choc, la jeune femme a des souvenirs très clairs : c’est un policier qui l’a agressée. 
 

Des recherches sans relâche 

À partir de ce moment-là, les preuves s’accumulent et guident le soupçon des enquêteurs sur Mikhaïl Popkov. Le dernier indice est un préservatif dans lequel il a laissé son ADN retrouvé sur l’une des scènes de crime. Il est arrêté le 23 juin 2012 dans un train à Vladivostok dans le sud-est de la Russie. Au tribunal, lors de son procès, il déclare : « j’ai tué des garces ». Il est finalement condamné à perpétuité, faisant de lui, l’un des pires tueurs en série de l’histoire contemporaine.