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Toupinette est « routière » depuis plus de 25 ans. Elle transporte chaque jour des containers de plusieurs dizaines de tonnes aux quatre coins de la France. Dans cet épisode de notre collection de podcasts Covoiturage, elle nous emmène entre Paris et le Port du Havre.
Toupinette nous a donné rendez-vous dans le nord de Paris, chez un client qu’elle est en train de livrer. Avant de prendre la route, nous prenons le temps de visiter la cabine de son Volvo. Et c’est presque un petit studio que nous découvrons, avec sa couchette, son frigo, et ses nombreux rangements pour stocker de la nourriture, des vêtements, une trousse de secours, ou encore des cartes routières. Il faut dire que le métier de chauffeur poids-lourd est soumis à de multiples aléas. Et il faut être prêt à tout instant à changer d’itinéraire ou à découcher, au gré de nouvelles livraisons, et à cause d’imprévus sur la route. Ce qui n’a pas toujours été simple pour Toupinette, par ailleurs maman de deux enfants et belle-mère de trois autres enfants. Il ne serait pourtant jamais venu à l’idée de Toupinette de changer de métier. Surtout pas ! Etre chauffeur poids-lourd était son rêve de petite fille, qu’elle a réalisé après une première carrière dans le commerce. Et il suffit de la voir au volant de son engin de plusieurs dizaines de tonnes pour comprendre son bonheur. Il est d’ailleurs temps de prendre la route avec elle.
Direction le Port du Havre. Toupinette y a rendez-vous en milieu d’après midi pour récupérer un nouveau chargement.
En ce mois de novembre confiné, la route est plutôt calme, nous avons donc le temps d’y aller tranquillement. Si Toupinette adore son métier, elle souffre toutefois des clichés qui y sont associés. Durant le premier confinement au printemps 2020, elle s’est retrouvée seule sur la route, avec ses collègues. Sans eux, les magasins auraient été vides. Elle était en première ligne, mais la reconnaissance fut tardive et timide estime-t-elle. « Qu’on arrête de nous traiter d’assassins et de pollueur, ce serait bienvenue quand même » nous glisse Toupinette. Elle prône un meilleur enseignement du partage de la route dans les auto-écoles et assure que sa profession fait beaucoup pour tenter de réduire son emprunte carbone.
Et être une femme dans une profession d’homme, cela pose-t-il un problème ? Toupinette assure que non, et promet que ses collègues ont évolué sur ces questions. Il n’empêche. Elle ne passe pas inaperçue quand elle arrive sur le parking d’un centre routier. Elle est la seule femme au volant ce jour-là, et les autres chauffeurs de la quittent pas des yeux, attendant peut-être le faux-pas ? Il y a d’autres contraintes liées au sexe : aucune infrastructure n’est prévue pour les femmes. Ce jour-là par exemple, nous avons certes joué de malchance, mais il nous a été impossible de trouver des sanitaires. Il y a encore beaucoup à faire pour féminiser cette profession. C’est une des raisons d’ailleurs pour laquelle Toupinette milite au sein de l’association La route au féminin. « Il faut arrêter de monter la profession sous l’angle macho. Il n’y a pas souci pour une femme à y accéder. Beaucoup d’employeurs s’y sont ouverts (….). Quand on a la passion c’est un très beau métier ! », nous confie Toupinette avant de se séparer. Un métier qu’elle pratique depuis plus de 25 ans et qu’elle angoisse déjà de devoir arrêter un jour. Passion… quand tu nous tiens !
Dans cette collection de podcasts, nous embarquons avec un voyageur. Covoiturage est un entretien embarqué, une rencontre au gré des kilomètres.
Découvrez sans plus attendre l'épisode "Entre Paris et La Havre avec Toupinette" !
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