Ariège
Tombée au cours d’un siège sanglant au XIIIe siècle, la capitale du catharisme renaît de ses cendres au Musée archéologique de Montségur.
Nous sommes le 16 mars 1244. Le château de Montségur s’apprête à tomber, et avec lui le catharisme. Plus que le sort d’une forteresse, c’est celui de toute une communauté religieuse qui se joue en cette sombre nuit. Tout avait pourtant bien commencé. Le catharisme, ce courant spirituel bulgare prônant la sobriété, gagnait en influence dans la région au détriment de l’Eglise catholique, qui devint vite sa principale rivale. Il n’était alors guère exagéré de parler de Pays cathare, tant l’hérésie possédait de châteaux et places fortes. Mais c’est à Montségur, au sommet d’un éperon rocheux, qu’elle établit sa capitale une décennie plus tôt ; c’est donc là que l’Eglise envoie ses troupes au printemps 1243. Cinq cents hommes côté cathare, plus de 10 000 en face : le combat semble perdu d’avance. Le siège dure pourtant une dizaine de mois à l’issue duquel le château de Montségur tombe. Il sera dépecé de ses pierres pour construire un village en contrebas. Ses habitants seront contraints à l’exil ou condamnés au bûcher. L’histoire de Montségur est celle d’un point final.
Quatre Cathares s’échappèrent pourtant du siège du château de Montségur. Quatre personnes au destin inconnu, c’est plus qu’il n’en faut pour faire naître des légendes. On dit ainsi qu’avant de périr, les cathares ont enfoui un trésor faramineux. On raconte même que quelque part sur le site se trouve le corps du Christ ou le Graal d’Arthur. Montségur renaît dans les racontars. De là des fouilles, sauvages puis officielles, qui tentèrent de faire parler ses pierres. Les découvertes furent aussi décevantes pour les amateurs de mystères que passionnantes sur le plan historique. Enfin, c’est le village cathare qui refait surface, la vie quotidienne des fidèles vivant à l’abri des remparts du château, ces grands oubliés de l’Histoire. Par la densité de son bâti, ce village dévoilé prouve la popularité du catharisme. Mais surtout, les habitations de bois, de pierre et de torchis illustrent l’attachement des cathares au dépouillement : les seules richesses possibles, estimaient-ils, étaient spirituelles. Certaines se distinguent cependant par une surface de plus de 100m2 sur trois étages. Un paradoxe encore inexpliqué par les historiens.
Aujourd’hui, l’Histoire a pris le pas sur la légende, notamment depuis l’ouverture du Musée historique et archéologique de Montségur. Y sont exposés les vestiges retrouvés lors des fouilles, en parallèle de reconstitutions et explications précises sur le mouvement cathare. Là, le visiteur prend pleine conscience de l’ampleur du siège de 1243 par l’impressionnante quantité de pointes de flèches et de boulets de trébuchets retrouvés sur le site. Le combat fut rude, les cathares n’avaient aucune chance. C’est avec émotion, d’ailleurs, que ces derniers parlent à travers les siècles. Ils se dévoilent dans les objets du quotidien, de banales cruches, quelques pièces de monnaie, des dés à jouer qui témoignent d’une vie de travail et de tranquillité. Deux tombes rendent plus humaine encore ce lointain chapitre de l’Histoire : celle d’un homme et d’une femme, morts au cours de la bataille. Leur histoire est la seule légende que s’autorise le Musée historique et archéologique de Montségur.
Le Bourg
09300 MONTSEGUR
France
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