Podcasts
Réduire l’usage de l’automobile est devenu indispensable pour agir sur la transition écologique. Mais pourquoi est-ce si difficile de se passer de sa voiture ? Destination demain tente de répondre à cette question de société.
Avez-vous remarqué à quel point la voiture fait partie de nos vies ? Bien plus qu’un simple « déplaçoire », elle s’immisce dans tous les pans de notre quotidien, y compris les plus symboliques. Mathieu Flonneau, historien et maitre de conférence à l’école de droit de la Sorbonne, parle même de civilisation automobile. « Culturellement, cette civilisation (…) a à peu près un siècle. Mais elle est devenue signifiante socialement à partir de sa généralisation. Et donc l’automobile de masse est contemporaine en Europe de l’après seconde guerre mondiale et des 30 Glorieuses en France (…). L’automobile, et au-delà, l’écosystème automobile, ce que j’appelle l’automobilisme, structure notre rapport à la réalité et à la vie quotidienne ». Les références à la voiture sont innombrables dans les films (les road-movies), dans les livres ou dans les chansons. Même en philosophie, la voiture est devenue un sujet d’étude, depuis que Roland Barthes a comparé la DS aux cathédrales gothiques. Et notre rapport affectif à l’objet voiture est très fort, comme le rappelle Catherine Espinasse, psychosociologue : « Pour les séniors, la voiture a été un objet extraordinaire qui a eu une place fondamentale dans leurs vies. Elle représentait la liberté, l’autonomie. Et pour les femmes dans les années 70, il y avait une dimension d’émancipation, presque de féminisme ».
Vouloir donc aujourd’hui remettre en cause la mobilité automobile, l’ostraciser, c’est prendre le risque, selon Mathieu Flonneau, d’une partition sociale dont la crise des gilets jaunes a été un révélateur. Et pour limiter la place de la voiture dans notre mobilité, il va falloir s’en désintoxiquer. C’est la thèse de la philosophe Valérie Charolles. « Si vous regardez Paris, les gens sont massivement désintoxiqués de la voiture depuis 10-15 ans. Avoir une voiture à Paris, c’est un coût énorme pour un avantage ridicule (…). Mais si vous voulez, en habitant à la campagne, faire ce que font les parisiens, c’est très difficile. Car toute la vie est conçue autour de la voiture individuelle (…). Repenser l’espace des zones rurales, ça me parait très important ».
Depuis la loi d’orientation de Mobilité, les collectivités locales ont la possibilité de se saisir de ces questions et Jérémy Almosni, chef du service Transports et mobilité de l’Ademe constate déjà que ces territoires sont de merveilleux laboratoires d’innovation. « C’est bien dans les territoires ruraux que l’on voit apparaitre aujourd’hui de l’autopartage solidaire, du covoiturage à partir de véhicules communaux, de la logistique du dernier kilomètre pour apporter des médicaments aux personnes âgées par les commerçants locaux. Il s’opère des innovations sociales et organisationnelles sur ces territoires ». La voiture a donc encore un avenir, mais son usage va semble-t-il considérablement évoluer dans les prochaines années. A quel horizon ? « Les tendances que l’on a aujourd’hui, ce seront les mêmes dans dix ans, estime Yves Carra, porte-parole de l’Automobile club association. Car les voitures thermiques qui se vendent aujourd’hui à 95% seront toujours là dans une décennie. Dans trente ans, dans quarante ans, dans cinquante ans, y aura-t-il une vraie rupture de mode de vie avec le télétravail, le numérique, le revenu universel ? ». La mobilité est au cœur de tous les enjeux sociétaux du futur. Et c’est que nous continuerons d’explorer dans Destination Demain.
Dans cette collection de podcasts, nous nous interrogeons sur la mobilité de demain. Comment nous déplacerons-nous demain ? Aurons-nous des voitures autonomes ?...
Découvrez sans plus attendre l'épisode "La voiture a-t-elle un avenir ?"
Aide & Contact
À propos
Autres sites