Entre Yvelines et Val-d'Oise

La route des impressionnistes

Prenez la route des impressionnistes pour trouver sur les berges, dans les cafés, dans la lumière changeant à chaque saison, l’inspiration.

Sur la route des impressionnistes, parcourez la Normandie. De la rencontre avec ses paysages, ses villes et ses villages se dégage une sensation de déjà-vu : détail d’une église, d’un chemin, d’une scène en apparence commune. Rien n’a échappé aux yeux experts des artistes qui ont cherché à peindre la lumière.

Van Gogh hors champ

A Auvers-sur-Oise

La route des impressionnistes commence à Chatou, dans les Yvelines. A la fin du XIXe siècle, la mode est à la barque. Près de la guinguette Fournaise, Auguste Renoir peint “Le Déjeuner des canotiers”. Des balades sur l’eau sont toujours proposées, si le cœur vous en dit. Les eaux calmes qui entourent l’île des impressionnistes donnent des envies de bain de mer. Repliez vos chevalets et prenez la direction de la Normandie.

Votre prochaine étape vers le berceau de l’impressionnisme est à Auvers-sur-Oise. A 30km de Paris, la petite commune a su garder un certain charme, un peu désuet, tout en attirant chaque année des milliers de touristes. Avec 8 monuments classés, c’est un véritable musée à ciel ouvert qui vous attend. Rejoignez la maison-atelier de Charles-François Daubigny pour y découvrir ses toiles ainsi que celles de Jean-Baptiste Camille Corot. Si Paul Cézanne est lui aussi passé par Auvers-sur-Oise, c’est sans nul doute Vincent Van Gogh qui y a laissé la plus forte impression.

La maison du docteur Gachet, ancien pensionnat de jeunes filles, a servi de sujet et de cantine à l’artiste, qui déjeunait régulièrement avec la famille. L’occasion de croquer Marguerite, la fille du médecin, dont le très beau tableau “Mademoiselle Gachet dans son jardin”. Les tombes des frères Van Gogh sont toutes proches, mais c’est bien l’Auberge Ravoux qui suscite la plus forte émotion. Le restaurant a gardé le charme de la Belle Epoque. A table, on s’imagine commander une absinthe, dont l’histoire est racontée dans le musée de la ville, pour trinquer avec le fantôme de Vincent. Sa chambre, louée 3,50 francs la journée, n’a pas changé. Sobre et austère, c’est un lieu emblématique de l’impressionnisme : ici, le 27 juillet 1890, meurt Vincent Van Gogh en se tirant une balle dans la poitrine. L’artiste, qui s’était tailladé une oreille, avait perdu la tête.

auvers-sur-oise-route-des-impressionnistes-vinci-autoroutes
giverny-monet-route-des-impressionnistes-vinci-autoroutes

Claude Monet cultive son jardin

Giverny

La route des impressionnistes se poursuit jusqu’aux portes du Parc naturel régional du Vexin. Espace préservé, vaste plateau découpé en vallées, vallons, zones humides, buttes boisées, coteaux calcaires, le parc présente une multitude de paysages. Camille Pissarro, l’un des fondateurs du mouvement impressionniste, avertit le touriste en recherche d’inspiration : “Ne vous laissez pas intimider par la nature.” Pour peindre la lumière et représenter le son de l’eau, pas besoin d’avoir un œil expert : une randonnée tranquille suffit à faire le plein de sensations.

Si les espaces vous semblent trop grands, Pontoise, la ville voisine, vous accueille avec ses parcs et ses jardins. L’inspiration vous manque, peut-être la trouverez-vous en visitant la Cave des moineaux, en flânant le long des remparts ou en vous offrant, de mai à octobre, une croisière sur l’Oise. Avant de repartir, prenez un café en terrasse, le temps de faire un croquis de la lumière dansant sur les pierres blondes du monastère du Carmel. A l’époque où il habitait Pontoise, Pissarro, criblé de dettes, payait l’épicier de la rue de l’Hermitage en toiles. Une affaire, qui, quelques dizaines d’années plus tard, se révèle profitable. Alors s’il vous manque quelques pièces, tentez-vous aussi de proposer votre dessin contre l’addition.

Reprenez votre route bucolique pour découvrir Giverny. Pourquoi ce petit village de Normandie est-il la capitale mondiale du mouvement impressionniste ? “Sa lumière”, répondrait Claude Monet. Elle s’admire sur le toit de l’église Sainte-Radegonde ou, un peu plus loin, sur le vieux moulin de Vernon. Si le musée des Impressionnistes retrace l’histoire du mouvement, c’est bien la visite de la maison et des jardins de Claude Monet qui explique le mieux ce qu’est l’impressionnisme. Dans la demeure, reconstituée comme du vivant de l’artiste, vous trouverez les faïences et les estampes japonaises qui ont influencé le style du peintre. Mais c’est en sortant que la magie opère vraiment. “Le jardin de Monet compte parmi ses œuvres”, disait Clémenceau. Difficile, en admirant le pont japonais et les nymphéas, toujours là, de dire le contraire.

cathédrale de lumière et terrasses ombragées

De Rouen à Honfleur

Le chemin continue jusqu’à Rouen, capitale de la Normandie. Si vous cherchez un sujet original, ce n’est sans doute pas ici qu’il faut vous venir ! Partout où votre regard se pose, un pinceau est déjà passé. L’esprit de la rue de l’Epicerie, avec ses auvents et ses passants, a été saisi par Pissarro, le tranquille chemin de Halage de Sahurs par Alfred Sisley. Un matin de 1907, alors que le coquet village voisin de La Bouille se réveille, Albert Lebourg immortalise avec des couleurs pâles cette “Petite brume sur la Seine”. Chef-d’œuvre de l’art gothique, avec sa flèche pointant à 151m d’altitude, la cathédrale Notre-Dame de Rouen est la plus élevée de France. Elle a inspiré à Claude Monet une trentaine de toiles, assez pour saisir les différentes nuances de lumière, d’heure en heure, du monument. Plus tard, l’école de Rouen rassemblera de nombreux peintres postimpressionnistes, comme Charles Angrand ou Marcel Couchaux.

Vous voilà arrivé à l’embouchure de la Seine, en bord de mer ! Deauville et Trouville étaient des stations balnéaires particulièrement prisées des riches vacanciers à la fin du XIXe siècle. Des peintres désargentés venaient leur soutirer quelque argent contre une œuvre, c’était le cas Eugène Boudin, spécialiste des scènes de plage. Après avoir fait un tour sur les planches de Deauville, où figurent les noms des stars du cinéma, prenez la direction de Honfleur. La cité est le berceau de l’impressionnisme. Les nombreuses galeries exposent aujourd’hui des œuvres postimpressionnistes, mais aussi des fauves et des futuristes, des artistes célèbres et des anonymes qui ne le resteront pas longtemps. Ressortez votre chevalet pour livrer sur la toile, en guise de carte postale, vos plus belles impressions.

port-honfleur-route-des-impressionnistes-vinci-autoroutes