Entre Ariège et Aude

La route des Châteaux cathares

Elevez-vous au sommet des terres occitanes pour découvrir, faisant bonne garde, les châteaux et forteresses des chevaliers cathares.

En Occitanie, la nature est sauvage. Dans les parcs naturels, on découvre des forêts fournies, de chênes ou de hêtres, d’où dépasse souvent un pic rocheux. Et au sommet, une forteresse.

Il ne faut pas oublier que l’histoire de la région, aujourd’hui si calme, est faite d’affrontements, de combats, et même de croisades. De 1204 à 1255, les armées du roi de France, aux ordres du pape, pourchassent ainsi les cathares, leur croyance en un monde divisé entre bien et mal, entre Dieu et Diable, étant taxée d’hérésie. Les châteaux, qui accueillaient autrefois troubadours, poètes et musiciens, se transforment en forteresse. Partout, on s’équipe, on se renforce, on tient le siège, puis on cède. Les bastions se transforment en ruines que la végétation prend à son tour d’assaut. Transformez-vous en historien pour partir à votre tour en croisade, culturelle cette fois, contre l’oubli des chevaliers cathares et de leurs âmes, ceintes en leurs châteaux.

début de la route et fin du chemin

Montségur

L’itinéraire commence par la forteresse de Roquefixade, dont l’aspect actuel fait penser à un roman d’Heroic Fantasy… A plus de 1 000m d’altitude, les remparts longent la ligne de crête, puis une forteresse détruite se profile. Le nom du château, Roquefixade (roche fissurée), était prémonitoire. Comment imaginer qu’entre ces ruines, ces pierres blanches érodées, se mariaient il y a près de 800 ans Raymond de Péreille et Corba Hunaud de Lanta, figures du catharisme ?

Pour se convaincre que tout cela n’est pas un rêve, direction Montségur, ancienne capitale de l’église cathare et lieu de refuge pour les seigneurs en déroute. Le château tomba en 1244 après près d’un an de siège. Si les remparts, solides, sont toujours debout, le château a en partie été démoli, ses pierres servant notamment à construire les maisons de Montségur. Après avoir cherché, dans les façades, des impacts de boulet et des traces d’épée, direction le Musée historique et archéologique de la ville, qui présente des têtes de flèche, mais aussi des couteaux, de la monnaie et même des dés à jouer. Des artefacts romains, wisigoths et sarrasins sont également présents, preuve qu’à Montségur, la guerre est une affaire qui dure.

Le siège ayant assez duré, quittez Montségur pour vous réfugier au château de Puivert, l’un des mieux conservés de la région. Dans le donjon, haut de 35m, les salles réservées aux seigneurs et aux musiciens attendent que la fête recommence, et les six tours de défense assurent d’autant mieux leur rôle qu’il n’y a plus d’ennemi. La grande cour est bien entretenue : la pelouse, parfaitement soignée, donne envie d’assister à un tournoi de chevalerie (des reconstitutions historiques le permettent).

Depuis le haut des remparts, prenez un instant pour admirer le paysage qui vous entoure, la plaine de Quercorb à l’est, et le célèbre Pech de Bugarach, gentille petite montagne qui, d’après les rumeurs, est censée abriter une base extraterrestre…

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de l’hérésie au curé d’Alphonse Daudet

Quéribus

Pour survivre à la défaite des cathares et ne pas être démontés pièce par pièces, les châteaux doivent s’adapter. Celui de Peyrepertuse devient ainsi, après la chute de ses seigneurs, une forteresse royale, et abrite même une garnison jusqu’à la Révolution. Pour accéder à la citadelle, la faune et la flore des Corbières sauvages, sous-bois de chênes verts, mais aussi mimosa et amandiers, vous escortent jusqu’à l’escalier Saint-Louis, taillé à même la roche. Il permet d’atteindre la citadelle qui, bien que la plupart des bâtiments soient écroulés, impressionne toujours par ses dimensions. Des visites théâtralisées racontent la vie de cette place forte abandonnée.

C’est par l’art, également, que la forteresse de Quéribus est passée à la postérité. Pour atteindre le château, il faut emprunter un sentier longeant le vide, passer un mur-bouclier puis franchir trois enceintes de pierre. Un parcours du combattant laissé de côté par de nombreux visiteurs qui préfèrent prendre d’assaut le village de Cucugnan. Typique, avec ses toits en tuile rouge et son vieux moulin, Cucugnan est devenu célèbre lorsqu’Alphonse Daudet y installa son fameux curé. Une histoire rendue célèbre par l’adaptation cinématographique de Marcel Pagnol et le disque de Fernandel, deux figures majeures du Midi qui auraient bien leur place, à vos côtés, pour prendre l’apéritif sur la place du village.

la forteresse imprenable

Carcassonne

Lassé des combats perdus, des places assiégées et détruites, des ruines et des défaites ? Prenez la direction de Carcassonne, connue pour être la cité imprenable ! Car si les Cinq Fils de Carcassonne (les châteaux d’Aguilar, Peyrepertuse, Puilaurens, Quéribus, Termes) n’ont pas toujours tenu leur rang, la citadelle mère n’a elle rien perdu de son prestige, résistant, au fil du temps, à des assauts variés.

Alors que la cité était menacée, non pas par des hommes en armes, mais par les ravages du temps, elle a pu compter sur deux preux chevaliers. En effet, à la fin du XIXe siècle, Eugène Viollet-le-Duc et Emile Boeswillwald se sont employés à rendre à la ville son aspect médiéval en détruisant les constructions parasites. Et c’est aujourd’hui l’une des plus belles citadelles médiévales que vous découvrez à Carcassonne. Après avoir franchi la double enceinte, vous passez la porte Narbonnaise, arche sobre de pierres blanches. Puis vous montez sur les remparts, pour voir, du haut d’une des 52 tours, poindre l’ennemi. Direction le château, tel un héraut, pour lancer l’alerte…

Mais à la nuit tombée, plus question de jouer les chevaliers : place aux artistes. Au pied des remparts, un amphithéâtre en plein air, aux allures antiques, accueille chaque été un prestigieux festival de théâtre, de danse et de musique. Asseyez-vous et profitez du spectacle pendant deux, trois, quatre ou cinq heures. Plus artistique et moins belliqueuse, c’est encore la meilleure façon de faire le siège de Carcassonne

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